À gauche toute, le Mexique choisit Lopez Obrador
Article publié le 3 juillet 2018 dans Ouest-France
Large vainqueur de la présidentielle, Andres Manuel Lopez Obrador va aussi pouvoir s'appuyer sur une majorité au Parlement. Il promet de changer un pays rongé par la corruption et la violence.
À peine les résultats tombés, Irene et Fabian ont filé, leur petite fille sous le bras, au rond-point de l'Ange de l'Indépendance, lieu symbolique de la capitale où se célèbrent d'habitude les victoires de l'équipe nationale de foot. « Si se pudo ! » (Oui, c'était possible !), hurlent-ils, un drapeau mexicain à la main. « Enfin, nous avons droit à ce changement que nous désirons tant. Le mandat de Peña Nieto [le président actuel] a été un désastre. C'est un jour historique qui nous redonne de l'espoir. »
Historique, car c'est la première fois qu'un candidat de gauche gagne la présidentielle au Mexique. Historique, car Andrés Manuel Lopez Obrador a été élu avec plus de 53 % des voix et surtout avec une participation de 70 %. Un record. Il laisse à plus de trente points derrière lui le jeune conservateur Ricardo Anaya et Jose Antonio Meade, du PRI, le Parti révolutionnaire institutionnel au pouvoir. Ses adversaires ont reconnu très vite leur défaite. Là encore, un fait inhabituel dans un pays où la triche électorale, donc la contestation, sont courantes.
La troisième tentative aura été la bonne pour Andrés Manuel Lopez Obrador, surnommé Amlo. L'ancien maire de Mexico a axé sa campagne sur la lutte contre « la mafia au pouvoir » et « la corruption ». Il a surtout bénéficié du rejet des partis institutionnels et de l'impopulaire président sortant Enrique Peña Nieto.
Dimanche soir, ils étaient des dizaines de milliers à se presser au Zocalo, la place centrale de Mexico, pour écouter les premiers mots de leur Président. Sur l'estrade de l'écran géant, installé pour la Coupe du monde de foot, Amlo a encore promis : « Je suis conscient de ma responsabilité historique. Je veux passer à l'histoire comme un bon Président. Ce sera un gouvernement pour le peuple et par le peuple. Je ne vous décevrai pas ! »
Pour cela, Lopez Obrador devrait pouvoir compter sur une majorité au Congrès. Son Mouvement de régénération nationale (Morena), la formation politique qu'il a créée il y a quatre ans, et ses alliés, ont fait un carton. La gauche a également emporté le très symbolique siège de gouverneur de la région de Mexico. De la violence liée au trafic de drogue à la relation compliquée avec les États-Unis de Donald Trump, de nombreux défis attendent Amlo.
