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Après le séisme, la solidarité s’organise à Mexico


Reportage publié le jeudi 21 septembre par Ouest-France

Un nouveau tremblement de terre a secoué le centre du Mexique, mardi, faisant au moins 225 morts. Trente-deux ans, jour pour jour, après celui qui avait tué plus de 10 000 personnes.

Mercredi, 8 h. Dans les rues ravagées des quartiers de la Condesa et de la Roma, le deuil a pris le dessus sur la panique de la veille. Les visages, d’habitude si souriants, témoignent d’une courte et angoissante nuit.

Maria Juana Lopez Pacheco, 53 ans, a installé lits et couvertures dans la rue. Elle y a dormi avec sa sœur, ses petits-enfants et son arrière-petit-fils. « Je n’ai pas pu rentrer chez moi. J’ai trop peur. Peur que l’immeuble s’écroule, peur d’une réplique. Peur de mourir. » Spontanément, les passants s’arrêtent, réa- justent la couverture du petit, offrent du pain ou des friandises.

Plus loin, sur la place de la fontaine des Cibeles, les volontaires civils s’organisent. Jorge Silva, chirurgien de 36 ans, casque jaune vissé sur la tête et pelle à la main, est venu donner un coup de main. « J’ai passé une partie de la nuit dans un hôpital impro-visé dans la rue. Maintenant, nous allons dans le sud de la ville. Il y a des gens sous les décombres. »

À l’approche de la Condesa, les éclats de verre et de briques témoignent de la violence du séisme. Des adolescents offrent café, lait et sandwiches confectionnés dans la nuit. « On n’est pas assez fort pour aider à porter des pierres. Faire des sandwiches, ça, on sait faire. »

La ville de Mexico, 8,8 millions d’ha- bitants (sans compter la banlieue) n’a jamais aussi bien porté son surnom : le«chaosorganisé.»«Ilyadeux priorités, témoigne Eduardo, étu- diant en sociologie. Il faut sauver les gens encore sous les décombres ; ça, les sauveteurs s’en chargent. Et puis il faut subvenir aux besoins de ceux qui ont tout perdu ; et ça, c’est le devoir de tous. » Pressé, il disparaît dans la foule avec deux bidons de cinq litres sur les épaules. Le manque de sommeil, le choc du séisme, la peur. Tout le monde est dans le même état.

Mardi, la journée avait déjà commencé dans l’émotion : le souvenir du séisme du 19 septembre 1985, et de ses10000morts. À11h dumatin, l’alerte sismique a retenti dans les rues de la capitale. Pour se souvenir, pour la tester aussi.

Malheureusement, cette alarme est conçue pour les séismes venant de la côte pacifique. Les Mexicains ont 45 secondes pour sortir des im- meubles avant que l’onde ne frappe la ville. Mais pas cette fois : l’épicentre du séisme se situait dans les terres. L’alarme a retenti en même temps que les premières secousses. Fatales pour beaucoup.

Le bruit des immeubles se craquelant et des transformateurs électriques explosant a contrasté avec le silence des habitants, pétrifiés. Plus d’électricité, ni d’eau pour une bonne partie de la ville. Les téléphones portables qui fonctionnent par intermittence. Des hurlements : « Une école s’est effondrée ! Il y a des gamins en dessous ! Il faut les sortir ! »

Jusque tard dans la nuit, les réseaux sociaux ont chauffé : « Un laboratoire médical a explosé. Des victimes ont été intoxiquées. Il faut du lait. » Dix à quinze minutes plus tard, des packs étaient acheminés sur place.

Ils sont comme ça les Mexicains. Durs au mal. Habitués aux deuils. Fiers, généreux et immensément solidaires.


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