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Séisme au Mexique : « Il y a des enfants dessous, c’est sûr »

Reportage publié le mercredi 20 septembre sur ouest-france.fr

Plus de 217 personnes, dont au moins 21 enfants, ont péri mardi dans un violent séisme de magnitude 7,1 qui a secoué le centre du Mexique, dont la capitale Mexico. Terrible ironie du sort, ce tremblement de terre s'est produit 32 ans jour pour jour après celui de 1985, qui avait causé la mort de 10 000 personnes. Notre correspondant était sur place au moment des premières secousses. Reportage à Mexico, au milieu des décombres

11 h du matin, ce mardi 19 septembre. La population mexicaine avait été prévenue : une alerte sismique retentirait dans la matinée à Mexico, en souvenir du terrible tremblement de terre du 19 septembre 1985, qui avait provoqué la mort de 10 000 personnes et 30 000 blessés. Il s’agissait aussi de tester cette alarme qui doit annoncer les séismes de plus de 5 sur l’échelle de Richter. Les habitants de la capitale le savent, ils ont 45 secondes pour sortir dès le début de l’alarme.

Mais deux heures plus tard, à 13 h 15, l’alarme se déclenche en même temps que des secousses bien réelles. Ce n'est plus un exercice. Terrible ironie du sort : un tremblement de terre est en train de frapper le pays, 32 ans jour pour jour après la catastrophe de 1985.

À Mexico, dans la rue Cordoba, du quartier de la Roma, un vent de panique accompagne les secousses. Les arbres bougent. Les compteurs électriques explosent. Les enfants pleurent. Les regards sont dirigés vers le haut des bâtiments, pour guetter d'éventuelles chutes de pierres et d'objets. Tout le monde se demande si ce tremblement de terre est plus fort que celui du 7 septembre (8,1), qui avait fait une soixantaine de morts. En magnitude, il est plus faible (7,1). Mais l’épicentre est cette fois-ci plus proche de Mexico.

Apres environ 60 secondes de secousses, les visages sont blêmes. Un gardien d’immeuble tente d’allumer une cigarette mais ses mains tremblent trop. Une dame le sermonne. « Tu es fou ? Ça sent le gaz. Il y a des fuites dans toute la rue. Tu vas nous tuer. »

Très vite, on apprend qu’une école, à deux rues de là, s’est effondrée. Sur le chemin, la vaste place Rio de Janeiro, où trône une reproduction du David de Michel Ange, est noire de monde. Les habitants et travailleurs du quartier s’y sont réfugiés. À Mexico, personne n’a confiance en la solidité des bâtiments - même dans la construction, la corruption règne ici.

À quelques mètres de l’école de la rue Orizaba, le chaos règne. Les secours ne sont pas encore arrivés. Le toit de l’école s’est effondré sur une voiture. Des civils s’improvisent sauveteurs. Ils enfilent casques de moto et masques contre la pollution et montent.

Il y a des enfants dessous, c’est sûr », s’épouvante une femme. Elle a raison. Au moins deux élèves y sont décédés. La ville s’est figée en un instant. Le trafic est paralysé. « C’est devenu un parking géant, pas une voiture n’avance », témoigne Renata, qui a dû marcher presque quatre heures pour aller chercher ses enfants à l’école.

Les « topos », les taupes, ces sauveteurs civils qui avaient recherché des jours durant d’éventuels rescapés en 1985 ont repris du service. Les secours mettrons plusieurs heures à arriver sur les dizaines de lieux où les immeubles se sont effondrés.

Tout le monde s’improvise agent de circulation, sauveteur ou infirmier. Chacun fait attention à l’autre. C’est comme ça, au Mexique. « L’État n’a jamais fait rien pour nous. La sécurité, la santé, les secours. Il faut bien qu’on veille les uns sur les autres », s’énerve une jeune étudiante couverte de poussière.

Le chic quartier de la Condesa est dévasté. À chaque coin de rue, des débris de verre ou des morceaux de murs effondrés témoignent de la violence du séisme. Des chaînes humaines s’improvisent sur des centaines de mètres. Dans les deux sens. Pour apporter de l’eau et des ustensiles aux « topos » et pour évacuer les débris.

Très vite, dans l’après-midi, la solidarité se développe sur les réseaux sociaux. « J’habite dans le quartier Roma, comment puis-je aider », demande un internaute. Un laboratoire médical s’est effondré. « Nous avons besoin de lait pour désintoxiquer les gens qui travaillaient à l’intérieur », est il écrit sur Twitter. Et quelques minutes, des dizaines de Mexicains débarquent de tous les cotés avec des litres du précieux liquide.

En début de soirée, la situation était toujours chaotique. Les sirènes des secours et le bruit des hélicoptères ne se sont jamais interrompue depuis le séisme. Plus de 217 personnes, dont au moins 21 enfants, ont péri. Et le bilan ne cesse de s'alourdir.


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